Chapitre X

La princesse Priscilla se hâtait dans un couloir du château de Rixor. Grande, élancée, elle avait une somptueuse chevelure noire qu’elle ramenait sur le sommet de la tête en un haut chignon. Après une légère hésitation, elle pénétra dans les appartements du connétable de Guerreval. Ce dernier était debout, appuyé sur deux béquilles tandis qu’un valet achevait de l’habiller. Un gros pansement entourait la jambe au-dessous du genou, là où il avait été amputé.

— Connétable, c’est folie de vouloir vous lever, s’exclama la princesse.

— Je me suis assez reposé et je m’étiole sur ma couche. Ce vieux tyran de Maître Arp refuse de me donner une jambe artificielle tant que mon moignon n’est pas cicatrisé. Pourtant la plaie a un bel aspect. Aussi, ce matin, j’ai décidé de faire une promenade en dalka.

— Vous ne pourrez jamais vous maintenir en selle en vous appuyant sur un seul étrier.

— J’ai encore les cuisses solides et les genoux intacts. Je veux aller jusqu’au col pour voir l’avancement des travaux que j’ai ordonnés.

— Je vous accompagne, dit-elle d’un ton sans réplique possible. Le temps de me changer et je vous retrouve dans la cour.

Un grognement fut la seule réponse du connétable. La princesse sortie, il entreprit de prendre le couloir. Heureusement, le roi avait fait aménager son appartement au rez-de-chaussée pour lui permettre de prendre plus facilement l’air. Toutefois, il y avait une volée de marches à descendre pour gagner la cour. L’épreuve fut pénible car de Guerreval était encore malhabile dans l’usage des béquilles. Il descendait la dernière marche quand la princesse le rejoignit. Elle avait enfilé un élégant costume de cavalier d’un bleu profond qui mettait en valeur la finesse de sa taille.

Deux valets d’écurie tenaient les dalkas. Si Priscilla se mit rapidement en selle, l’épreuve fut plus pénible pour le connétable. Heureusement, son serviteur avait eu la précaution d’amener un escabeau de trois marches qui aida de Guerreval à passer d’abord sa jambe blessée au-dessus du dalka puis il se laissa tomber sur la selle. La bête était docile et peu fougueuse et elle supporta l’épreuve sans peine d’autant qu’elle était fermement maintenue par le palefrenier. Le connétable put enfin se mettre en route. Prudente, la princesse avait ordonné à deux gardes de les suivre en cas de chute de l’imprudent cavalier.

La petite troupe quitta Rixor au trot. Un peu plus tard, le connétable émit un rire sonore.

— Je me sens revivre. Je peux enfin espérer guérir.

— Avez-vous des nouvelles de Paul de Gallas ? demanda la princesse après quelques minutes de course.

— Aucune ! Normalement, il devrait avoir atteint la forteresse du cristal s’il n’a pas été arrêté en route par les Godommes et surtout si la mémoire lui est revenue.

Un peu plus loin le connétable reprit avec un discret sourire :

— Vous ne parlez pas du baron d’Escarlat, je pensais que vous vous intéressiez à lui.

— Seul l’intérêt du royaume me préoccupe, répliqua-t-elle fort sèchement pour masquer le léger trouble qui l’avait saisi en entendant prononcer le nom d’Yvain.

Toutefois, elle reprit plus calmement :

— Je crains que vous n’en ayez pas sinon vous me les auriez déjà données.

— C’est tristement exact, princesse. S’il avait réussi, je pense qu’il aurait envoyé un messager.

Ils arrivèrent à proximité du col qui avait vu se dérouler une sanglante bataille. Plusieurs cavaliers se trouvaient sur place avec à leur tête le roi Karlus. En voyant le connétable, le souverain le tança.

— C’est folie d’être venu, vous devriez rester dans votre lit jusqu’à ce que maître Arp vous autorise à le quitter.

— Cette promenade me réconforte plus que tous les remèdes. Je voulais savoir où en étaient les constructions.

— Jugez par vous-même, elles progressent de manière satisfaisante.

De l’autre côté du col, la montagne s’était effondrée en un amoncellement de rocs de toutes tailles. Un étroit chemin avait été déblayé, juste assez large pour laisser passer un chariot, permettant ainsi aux paysans habitant à proximité de retourner temporairement dans leur ferme.

Un sourire féroce étira les lèvres du connétable.

— Je repense à cet éboulement miraculeux qui a englouti plus de la moitié de l’armée Godomme. Sans lui, nous aurions été vaincus et je ne serais pas ici en ce moment. Ce n’est pas seulement ma jambe qui aurait été tranchée mais aussi ma gorge.

Le roi hocha doucement la tête, le visage impassible. Seuls Yvain et lui connaissaient la vérité et il eut une pensée pour la créature du marais maudit.

— Les travaux se poursuivent selon vos instructions, se contenta-t-il de dire.

Une cinquantaine d’hommes travaillaient à édifier une tour qui avait déjà plus de dix mètres de hauteur.

— Il faut qu’elle en ait le double, soupira le connétable, pour que des échelles ne puissent être dressées. Ainsi, les archers prendront le défilé sous leur tir, ce qui causera de grandes pertes à l’ennemi. Il ne faudra pas oublier de constituer une réserve d’eau et de provisions pour permettre de soutenir un siège et surtout une grande quantité de flèches.

— Sur ce point, le rassura Karlus, j’ai mobilisé nombre d’artisans de Rixor pour qu’ils en fabriquent. Une belle provision a déjà été livrée au château et nos archers peuvent continuer à s’entraîner. Maintenant, je vous ordonne de regagner Rixor et votre lit.

Après un instant d’hésitation, de Guerreval obéit. Bien que se refusant à l’avouer, il se sentait très las. Parvenu dans la cour du château, il ne tenait plus en selle que par un miracle de volonté. Deux serviteurs le firent descendre du dalka et durent le porter jusque dans sa chambre. Quand il fut déshabillé et allongé sur son lit, Maître Arp entra, la mine bougonne. Il était suivi d’un jeune aide portant une grande sacoche.

— Ainsi, ironisa-t-il, vous avez voulu désobéir à mes ordres. Espérons que vos plaies ne se sont pas rouvertes. Voyons cela.

En dépit des faibles protestations du connétable, il entreprit de défaire le pansement qui entourait le moignon de la jambe. Il hocha la tête à plusieurs reprises en silence. Il arrosa la plaie avec un mélange de vin et d’aromates que lui tendit son aide puis posa un linge propre et fit un bandage. Enfin, il marmonna :

— Je ne sais si c’est l’Être Suprême ou le Prince des Ténèbres qui veille sur vous mais la cicatrisation est en bonne voie… à la seule condition que vous ne fassiez pas de nouvelles bêtises. Dans une quinzaine de jours, j’ai bon espoir de vous faire essayer une jambe artificielle de mon invention. Si vous avez envie de vous dépenser, faites travailler vos bras en vous entraînant à marcher avec les béquilles. Vous en aurez encore besoin pendant un long moment.

Il quitta la chambre tandis que de Guerreval, réellement épuisé, se laissait aller au sommeil.

 

Yvain, suivi de Xil, arrivait devant les remparts de Wassilka, imposante cité-état, à en juger par la longueur des murailles. La porte était gardée par deux sentinelles qui ne leur jetèrent qu’un regard distrait.

— Allons-nous directement au château ? demanda Xil.

— Je ne veux pas commettre la même erreur qu’à Fallina. Le jour baisse et nous allons chercher une auberge pour la nuit et nous enquérir de la présence éventuelle de Godommes dans la ville.

Les cavaliers remontèrent une belle et large rue bordée de chaque côté par des maisons à colombages d’un ou deux étages. Les rez-de-chaussée étaient le plus souvent occupés par des boutiques. Les passants étaient rares et semblaient pressés avec une mine préoccupée.

Avisant une opulente commerçante qui se tenait devant un étalage de victuailles, Yvain demanda si elle connaissait une auberge.

— Remontez la rue jusqu’à la place et vous verrez une enseigne représentant une rôtissoire au-dessus d’un feu. Le patron sera heureux de vous accueillir car il ne doit pas avoir trop de clients en ce moment.

De fait, ils arrivèrent sur une belle esplanade. Le château était visible deux cents mètres plus loin avec ses hautes tours crénelées. Ils franchirent une porte voûtée qui donnait sur une cour. Tandis qu’ils mettaient pied à terre, un valet d’écurie avança vers eux d’un pas nonchalant et prit les brides qu’on lui tendait.

— Donne-leur une double ration de fourrage, recommanda Xil, ces dalkas ont couru tout le jour.

La salle de l’auberge était vaste et comportait plus d’une dizaine de tables. Toutefois, seules deux d’entre elles étaient occupées par des consommateurs assez silencieux qui semblaient désireux de quitter rapidement les lieux. Le patron, gros bonhomme au ventre proéminent et aux joues rouges et lisses, avança vers les arrivants avec un large sourire.

— Messires, soyez les bienvenus dans ma modeste maison. Souhaitez-vous dîner ?

— Nous enrageons de faim et de soif. En attendant que le repas soit servi, fais-nous porter un pichet de ton meilleur vin.

Le tavernier houspilla sa servante, une accorte brunette, jeune et à la taille bien prise, qui ne tarda pas à poser sur la table un gros pot et deux gobelets en étain. Le vin était très correct et les voyageurs le goûtèrent avec plaisir. La fille ne tarda pas à revenir, porteuse de deux assiettes emplies de tranches de viande et de morceaux d’une grosse volaille à la peau luisante de graisse. Des galettes croustillantes étaient disposées dans une corbeille sur la table.

Après avoir absorbé une belle quantité de viande, Xil soupira :

— Voilà un excellent repas qu’il m’eut été agréable de faire plus souvent. Je ne regrette pas d’être entré à votre service.

— Espérons que les remords ne viendront pas bientôt. Tu as pu constater que ce n’était pas exempt de dangers.

— Qu’importe puisque je suis toujours en vie.

La servante revint demander si les dîneurs souhaitaient encore quelque chose. Xil sourit en glissant entre les seins de la fille une pièce d’or.

— Ce soir, pourrais-tu porter dans ma chambre un broc d’eau chaude ?

L’hésitation de la brunette ne fut que de courte durée, juste le temps d’apprécier la silhouette du quémandeur.

— En ce moment, murmura-t-elle, il n’y a que peu de clients et je ne devrais pas terminer trop tard. Ne fermez pas la porte de votre chambre pour que je puisse apporter votre eau discrètement. Le patron n’aime pas que je m’attarde dans les chambres des clients.

Elle s’éloigna rapidement d’un pas léger, accentuant son déhanchement ce qui eut pour effet de faire osciller ses masses fessières.

— Je vois que tu prévois une nuit agréable, ironisa Yvain.

— C’est uniquement dans le but d’obtenir des renseignements, dit Xil, la mine hypocrite. Les bavardages ancillaires sont souvent plus utiles que les paroles de certains seigneurs.

— Je reconnais bien là ton dévouement, ricana Yvain.

La nuit tombait et la brunette entreprit d’allumer toute une série de lampes suspendues aux murs. Une lumière généreuse se répandit dans la salle.

— Ici, ils ne regardent pas à la dépense, nota Xil. Il est rare de voir brûler autant de lampes à la fois.

Yvain se leva pour examiner de plus près l’une d’elle. C’était un récipient en étain avec un col étroit d’où sortait une grosse mèche.

— C’est une lampe à huile mais je ne savais pas qu’on pouvait adapter une aussi grosse mèche. Cela doit consommer beaucoup d’huile.

Le patron approcha sa grosse bedaine pour demander si ses clients étaient satisfaits de leur dîner. Yvain le rassura aussitôt.

— Nous avons fort bien mangé mais nous avons encore soif. Faites-nous porter un autre pichet et j’aimerais que vous le vidiez en notre compagnie.

Enchanté de voir la note de ces clients augmenter, l’aubergiste fit un signe à la brunette et s’installa à la table. Peu après, il vidait d’un trait son gobelet.

— Cette profusion de lumière prouve que vos affaires sont prospères, dit Yvain.

Le patron secoua sa tête ronde. Un sourire triste étira ses lèvres.

— Dans notre ville, la lumière n’est pas un signe extérieur de richesse. Nous utilisons de l’huile de roche qui est très peu chère.

— Comment est-ce possible ?

— Dans une région du sud de notre état, il suffit de creuser un puits d’une dizaine de mètres de profondeur pour atteindre une couche rocheuse d’où sourd l’huile. Elle a la particularité de flotter sur l’eau et de brûler en donnant une belle flamme.

Yvain regarda la salle que les derniers consommateurs venaient de quitter.

— Je m’étonne qu’avec une cuisine de la qualité de la vôtre, cette salle ne soit pas pleine à craquer.

Un soupir semblable à un ouragan sortit de la poitrine du tavernier.

— Les gens ne songent plus à sortir. Ils sont terriblement inquiets et nombre d’entre eux quittent la ville.

— Craignez-vous un conflit, une guerre avec les Godommes ?

— Non, ils nous laissent en paix. C’est le marais maudit qui nous menace.

Comme son interlocuteur semblait ne pas comprendre, il précisa :

— Ce marais s’étend chaque jour et progresse dans notre direction. Dans quelques semaines ou quelques mois, il atteindra les murailles de la ville.

— N’avez-vous pas tenté de le détourner ?

— Cela a été essayé à plusieurs reprises mais, à chaque fois, les sorcières sont sorties. Elles ont l’apparence de très jolies filles et sont totalement nues.

— Voilà un tableau très agréable, sourit Yvain.

— Malheureusement, chaque fois qu’elles approchent d’un humain, elles se transforment en un monstre aux griffes acérées et le déchirent, arrachant sa chair en larges lambeaux. Par chance, elles ne s’éloignent pas du bord de l’eau mais je n’ose imaginer ce qui arrivera si elles parviennent aux portes de la ville.

Cette déprimante perspective lui fit vider à nouveau son gobelet avant de poursuivre :

— Enfin, chaque fois qu’un imprudent a voulu s’engager dans le marais, il a été attaqué et dévoré par de gigantesques araignées rouges.

Xil regarda Yvain avec un léger sourire, se souvenant de leur désagréable aventure. Le pichet proprement vidé, le patron se leva.

— J’ai fait préparer deux chambres à votre intention. Sila vous les montrera.

Avec un air inquiet, il ajouta :

— Messire, les temps sont bien durs et une petite avance sur votre note serait la bienvenue, ne serait-ce que pour me permettre de renouveler mes provisions.

Yvain tira de sa bourse une des pièces d’or données à grand regret par l’argentier de Rixor et il la lança sur la table. Le léger tintement amena un sourire sur la figure du patron qui la ramassa prestement.

— Je vous souhaite une bonne nuit, messires. Si vous désirez quelque chose, Sila se fera un devoir de vous l’apporter.

L’aubergiste reprenait place derrière son comptoir quand la porte s’ouvrit pour laisser entrer un garde. Il était vêtu d’un uniforme rouge et portait un curieux arc qui intrigua Yvain. En voyant apparaître le visiteur, le patron vociféra :

— Non, Timor, je ne te servirai pas à boire avant que tu aies payé ce que tu me dois.

— Tu auras ton argent dès que j’aurais touché ma solde.

— Cela fait deux mois que tu me racontes la même histoire et je n’ai encore rien perçu.

Le garde tenta d’insister mais il se heurta au refus entêté du tavernier. Yvain intervint alors :

— Un nouveau pichet serait le bienvenu, maître aubergiste. Demandez également à votre ami de venir à notre table.

Le garde, un solide gaillard au visage ridé, accepta aussitôt, prenant même des mains du patron le précieux pichet pour aller plus vite. Dès qu’il fut servi, Yvain demanda :

— Vous semblez fatigué et avez besoin de vous réconforter.

— Qui ne le serait pas, Messire, après six heures de garde au bord du marais. Heureusement, les sorcières ont eu le bon goût de ne pas se montrer mais la crainte éprouve les nerfs.

Compatissant, Xil emplit à nouveau le gobelet du garde qui remercia d’un signe de tête. Désignant l’arme posée à côté du tabouret, il ajouta :

— Vous avez un bien curieux arc. Il est petit et placé en travers de ce manche de bois.

— C’est une arbalète. Elle est bien supérieure à l’arc. Un nouveau pichet m’aiderait à vous en faire la démonstration.

Le patron obéit aussitôt au signe d’Yvain. Il pensait que si ces curieux clients restaient plusieurs jours dans son établissement, il pourrait rétablir ses finances. Quelques gorgées plus tard, l’homme saisit son arme et une flèche rangée dans un carquois accroché derrière le dos. Elle était courte et métallique avec une extrémité effilée et un empennage également en fer.

— L’arc est en acier qui a beaucoup plus de détente que le bois. Nous tirons cette cordelette très résistance jusqu’à l’accrocher à cet ergot puis nous posons la flèche dans cette rainure.

Il exécuta la manœuvre, satisfait de l’intérêt qu’il suscitait chez ces étrangers. Il épaula son arme, visant un vieux bouclier accroché au mur à l’autre extrémité de la salle. Avec un claquement sec, la flèche partit et s’enfonça profondément dans le bouclier. Le garde se leva et alla le décrocher sous le regard furieux du patron qui n’aimait pas voir dégrader sa décoration. Il le présenta aux voyageurs.

— Vous pouvez constater que le fer a été proprement transpercé et a atteint le mur. S’il avait été porté par un homme, il aurait été blessé.

Pour se réconforter après sa démonstration le garde acheva le pichet tandis que Xil examinait l’arbalète, la caressant doucement.

— J’aimerais acheter une telle arme, murmura-t-il. Où peut-on s’en procurer ?

Une discrète lueur brilla dans le regard de l’homme.

— Elles sont réservées aux gardes du prince. Toutefois…

Après une seconde de réflexion, il ajouta :

— Toutefois, je pourrais vous vendre celle-ci… cinq écus.

Il scruta le visage de Xil essayant de deviner sa réaction. Ce dernier secoua la tête.

— C’est bien cher, soupira-t-il, deux écus me sembleraient plus raisonnables.

— Nulle part, vous ne trouverez une arbalète pour ce prix ridicule. Comme vous m’êtes très sympathique, je peux consentir un lourd sacrifice et vous la laisser pour quatre écus.

Xil réfléchit un long moment comme en proie à un douloureux dilemme.

— Soit ! Marché conclu mais vous me donnez aussi les flèches.

Le garde se défit de son carquois et lança :

— Tout est à vous, messire.

Tandis que Xil sortait ses écus un à un, Yvain demanda :

— N’allez-vous pas avoir des ennuis avec vos supérieurs ?

— Je ne le pense pas. J’ai déjà récupéré l’arbalète d’un camarade tué par les sorcières.

Il rafla les pièces d’or et se leva. Au passage, il lança deux écus au patron en ironisant :

— Je règle toujours mes dettes. J’ose espérer que la prochaine fois vous serez plus aimable.

— Si tu payes, tu seras toujours servi.

Yvain et Xil gagnèrent leur chambre. Celle d’Yvain comprenait un vaste lit avec une couverture de fourrure, deux tabourets et une table. Elle était éclairée par deux lampes suspendues au mur. Yvain en prit une et l’examina longuement puis il souffla sur la mèche pour l’éteindre. Il versa quelques gouttes de son contenu sur sa main. Le liquide avait une consistance visqueuse et exhalait une odeur curieuse assez désagréable. Il remit la mèche en place et l’alluma à l’autre lampe où elle s’enflamma aussitôt.

Il s’allongea et ferma les yeux, perdu dans ses pensées. L’image de la princesse Priscilla venait s’imprimer sur ses rétines. Le souvenir de leurs brèves étreintes, douces et passionnées amena un sourire sur ses lèvres.

Xil avait pris possession de sa chambre qu’il trouva confortable. Il se déshabillait quand il perçut un grattement à la porte. Sila, la jeune servante, passa la tête dans l’entrebâillement.

— Entre vite, dit-il en l’attirant à lui.

Aussitôt, il l’enlaça et l’embrassa dans le cou.

— Un instant, messire, laissez-moi le temps de poser mon broc d’eau. Ne voulez-vous pas vous rafraîchir ?

— Après, c’est meilleur.

Habituée aux clients pressés, elle laissa son broc sur le carrelage et fit passer sa robe par-dessus la tête. Puis, en femme pratique, elle souleva la couverture du lit pour se glisser dessous. Xil qui s’était également débarrassé de ses vêtements, ne tarda pas à la rejoindre.

Les Sorcières du marais
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